Au fond l'endroit est peinard, pour l'instant,

Au fond l'endroit est peinard, pour l'instant, moi et les detenus arrivés en même temps logeont dans une sorte d'antichambre.Ce sont les quartiers réservés aux nouveaux détenus, les first timers, c'est le terme consacré dans le jargon carcéral pour désigner un nouveau,par définition une proie facile, si peu rompu aux codes de la vie carcérale.On s'installe, deux par cellules, je loge avec un gars d'Omaha, un grand blond tout sec.On a à peu près le même âge, on passe nos journées à discuter de tout et de rien, des conneries qu'on a fait dehors, des filles , des fêtes, des connaissances qu'on a en commun. Les autres gars du bloc ne sont pas vraiment des gangsters ou des durs à part quelques blacks et deux blancs au crâne rasé et au corps couvert de tatouages qui ne se quittent pas d'une semelle.
On reste là une semaine où une certaine liberté nous est permise, les portes de nos cellules restent ouvertes et les horaires ne sont pas contraignants puis un matin un gardien, après nous avoir réveiller, appelle certains d'entre nous.Je suis encore à moitié endormi si bien que je prends conscience que mon nom a été prononcé qu'après 3 ou 4 répétitions de la part du maton.
Ce dernier s'emporte:
"Dakota Holiday" éructe t'il une fois encore.
Je lâche finalement un "oui".Simple, nerveux.
Le gardien nous dit de nous restaurer et explique que les detenus dont le nom figure sur le listing seront transférés dans une prison en dehors de l'état.Plusieurs prisonniers s'emportèrent, les noirs étant les plus bruyants avec leurs intonations aigues,leurs voix nasillardes et des phrases matinées systématiquement des mots "bitch","wassup".
L'officier ramena le calme en parlant d'erreur administrative et de prisons surpeuplés et de je ne sais quoi encore.J'étais atterré, on allait m'envoyer dans une putain de prison d'état en dehors du Nebraska.
45 minutes plus tard,nous montâmes dans le bus, on était une vingtaine et le voyage s'annonçait long. Le moteur crachota un peu puis le bus s'inséra dans la voie de circulation.
Je ne le sus que des années plus tard mais une semaine après mon départ, le blond d'Omaha avec qui j'avais sympathisé se suicida après avoir été violé à de nombreuses reprises.
Pour moi qui n'était jamais sorti du Nebraska, ça allait être une grande première.On fit deux haltes dans le Nebraska où on ramassa respectivement 10 et 7 detenus à l'institut correctionnel d'état de Tecumseh puis au pénitentier d'état du Nebraska. Ce qui me frappa d'emblée, c'était la différence entre ce nouveau groupe et les détenus que j'avais cotoyé, ceux là n'étaient pas aussi exubérants, ils restaient froids et je compris qu'ils devaient faire parties de gang.j'en eu la confirmation quand les deux blancs aux crânes rasés saluèrent de la tête quelques nouveaux arrivants à la dégaine similaire.
Tout ce petit monde s'installa et le bus redemarra.Après plusieurs heures de route, on arriva au Colorado, on y laissa deux noirs à la prison Supermax de Florence et 7 ou 8 détenus(ma mémoire me fait défaut) au centre de détention féderal d'Englewood.
Après le Colorado, c'est au tour de l'Utah, là encore plusieurs détenus descendent à la prison d'état ou encore au centre correctionnel d'Utah.On arrive finalement au Nevada où je descends dans un palace quatre étoiles, la prison d'état de High Desert,connue pour être la prison avec le niveau de sécurité maximum du Nevada.Carpe Diem.