Les précieuses ridicules d'Erdogan

Ridicule ou dangereux?Le clientélisme du gouvernement islamiste turc.

La semaine dernière,  l'information de la nomination de Hacı Mehmet Gani (ancien candidat aux élections législatives du parti au pouvoir) à l'ambassade de Turquie à Berne en tant qu'attaché de presse,est apparu dans la presse turque grâce aux limites en terme de connaissance linguistique du "diplomate" turc. En sus de son incompétence dans les trois langues officielles de la Suisse, on a découvert que Gani n'arrive même pas à bien écrire "how are you ?" (comment tu vas ?) grâce à sa réponse aux critiques des membres du principal parti d'opposition (CHP) qui déclarait que le nouveau diplomate n'était pas capable de dire "comment tu vas?" en anglais. Dans sa réponse écrite (le ridicule ne tue pas), Gani s'est défendu en clamant qu'il avait pris des cours particuliers d'anglais pendant neuf mois avant de commencer à occuper sa nouvelle fonction et qu' il avait certainement appris à dire beaucoup plus que "have(!) are you?" (sic!). En plus, un traducteur a été chargé et payé cinq mille euros par mois par le gouvernement pour aider le diplomate. Ce n'est pas la conséquence du manque de personnels qualifiants en Turquie mais bien une déviance directe liée à la mentalité clientéliste du gouvernement turc.

La Turquie, inspirée du néo-ottomanisme devient une puissance au moins régionale selon le discours officiel. Le gouvernement essaye d'influencer la politique des pays voisins soit par le dialogue direct avec leur gouvernement soit par le soutien aux groupes d'opposition idéologiquement proche du gouvernement turc comme le cas actuel en Syrie. En contrepartie, à l'intérieur de la Turquie, le gouvernement d'Erdogan applique des politiques de répression contre tous les groupes d'opposition soit laïcs, soit kurde, ou encore nationaliste et de gauche radicale. Des centaines de personnes -y compris des journalistes, des étudiants, etc- sont en prison de par leurs activités d'opposants au gouvernement actuel. Ceux qui ne sont pas en prison ont d'autres difficultés dans leurs vies. Les gens qualifiés qui sont majoritairement non- islamistes, n'arrivent pas à atteindre les niveaux de haut fonctionnaires à cause de leur éloignement idéologique vis à vis du parti au pouvoir (AKP) tandis que Gani peut devenir facilement un attaché de presse en Suisse et gagner 7000 euros par mois.

Gani est un des nombreux cas de clientélisme qui peut facilement être observé dans la société turque. Dans ces conditions, on peut dire que même si le gouvernement turc atteint son objectif de devenir une puissance régionale, tout ce que nous pouvons faire est de nous inquiéter pour le futur des peuples de cette région et attendre qu'un gouvernement franchement démocrate arrive au pouvoir en Turquie.

Ayons une pensée pour Sevil Sevimli qui continue à lutter pour faire reconnaître l'arbitraire de son séjour carcéral en Turquie.

Mr.CK.