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Nouvelles rouges de la voie Malraux
28 mars 2013

Pazite, snajper.

 

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L'Europe, l'Union Européenne se sont construites sur des constats, des leçons tirées d'un passé commun douloureux et les Schuman et Monet, héritiers des Stresemann et Briand des années 1930, en furent les initiateurs. Certains slogans-chocs devinrent le credo de cette communauté européenne naissante : Plus jamais ça ! La der des der !.

 

Les pères de l'Europe pour garantir la paix, estimèrent nécessaire de constituer une communauté économique dont les avatars les plus connus furent la CECA (communauté européenne du Charbon et de l'Acier) la CEEA (Communauté Européenne de l’Énergie Atomique.) et plus tard l'Espace Schengen. Pourquoi pas mais quid d'une Europe sociale et d'une réelle concertation diplomatique ? Force est de que l'économique prit le pas sur une union concrète des nations. Le traité européen imposé et le non respect de la Vox Populi de plusieurs états-membres en étant le meilleur des exemples.

 

Je lus un jour sur ce qu'on appelle aujourd'hui sobrement un réseau social que la fuite en avant dans le processus européen avait permis de sauvegarder la paix depuis mai 1945 . Rien n'est plus faux et les fameux slogans cités précédemment sonnent douloureusement creux dans la première moitié de la décennie 1990.

 

Qui se souvient de la belle Raguse vénitienne, Dubrovnik, joyau d'architecture croate sur les côtes de la Dalmatie défigurée par les canons?Sa devise est La liberté ne se vend pas même pour tout l'or du monde et ses remparts d'un autre monde, d'une autre époque éventrés par les tirs incessants de l'artillerie serbe tinrent effectivement bon. Qui se souvient du martyr de Vukovar où 2000 croates, dépourvus d'armes et d'artillerie, résistèrent trois mois durant à une armée moderne et bien équipée de 30 000 serbes ? Là, dans l’hôpital de la ville, un jeune volontaire français blessé dans les derniers temps de la bataille, sans doute idéaliste, Jean Michel Nicolier, environné de soldats serbes, dit dans un sourire triste qu'il est là pour le meilleur et pour le pire. Ses paroles de prophète préfigurent ce que sera la guerre en Croatie et en Bosnie. Il sait qu'il n'y aura alors aucune pitié pour les hommes prisonniers, valides ou non. Qui se souvient du gâchis de Mostar personnifié par la destruction de son pont, symbole de l'union des bosniaques et des croates?Qui se souvient des 8000 bosniaques (Adolescents, hommes et vieillards) massacrés sur les hauteurs de Srebrenica à l'arme lourde, avec des canons anti-aériens, désorientés par des gaz paralysants, slalomant entre les champs de mines ? Qui se souvient de la résignation des 400 casques bleus hollandais dans cette même ville ? Enfin, qui se souvient qu'à Sarajevo, ville œcuménique, on chassa trois ans durant des êtres humains à grands renforts de canons, de mortiers et de snipers ? Qui se souvient des balles traçantes des miliciens serbes éventrant les immeubles sarajeviens pour y mettre le feu ? Qui se souvient des corps émaciés prisonniers des camps d'Omarska, Heliodrom ou de Vilina Vlas ? L'épuration ethnique.

 

D'aucuns virent dans ce conflit une résurgence de l'animosité entre des tribus balkaniques. Pourtant , avant la guerre, la Croatie, déjà à l'heure des antennes satellite (summum de la civilisation selon certains canons en vigueur), est un lieu de villégiature prisé par les classes aisées (allemandes notamment). Dubrovnik, Zadar,Split et Hvar étant les principaux pôles touristiques. La Bosnie pour sa part a accueilli à Sarajevo les jeux olympiques d'hiver de 1984 et la capitale est alors une ville prospère.

 

D'autres estimèrent que la faute incombait au communisme. Or, c'est bien la mort de Tito et la fin du régime communiste qui fit le lit des mouvements ultra-nationaliste serbes (Slobodan Milosevic, Karadzic ou encore Jovan Raskovic qui théorise avant la guerre la castration naturelle des croates ou la frustration rectales des Musulmans) et croate (Franjo Tudman). Il fut reproché aux bosniaques d'être musulman, sous-entendu islamiste. Or, s'ils revendiquent leur statut de Musulman (accordé par Tito en 1971), c'est avant tout en tant que nationalité et vivent leur fois comme des laïcs. C'est pourtant l'inaction de l'Union Européenne, de l'Onu à agir en faveur d'une Bosnie aux abois, prise à la gorge qui provoqua l'arrivée de djihadistes qui radicalisèrent le conflit et créèrent des tensions avec les autres commandants bosniaques. La guerre en Bosnie devint un melting-pot de volontaires étrangers, de voyous défenseurs plus ou moins moraux de leurs nations, de chefs de guerre paramilitaires. Curieux syncrétisme qui conféra à ce conflit l'étrange sensation pour les téléspectateurs d'assister à des combats moyenâgeux sur fond de modernité, soldats en civils, armés de bric et de broc,massacres ethniques à l'arme blanche, viols quasi-systématique.

A Sarajevo, capitale au cœur de l'Europe, 11 000 civils sarajeviens sont tués durant le siège dont 1500 enfants tandis que 56 000 sont blessés (15 000 enfants). Un quart de ces décès concernaient des bosno-serbes. L'impact psychologique sur les enfants est effarant. Sur les 65 000 à 80 000 enfants présent à Sarajevo, 40 % ont été pris pour cible par un sniper, 51 % ont vu quelqu'un se faire tuer, 39 % ont vu un ou plusieurs membres de leurs famille se faire tuer.

 

La liste des statistiques macabres est encore longue, et comment expliquer la passivité de l'opinion internationale ? Le voyage de Mitterrand à Sarajevo, lueur d'espoir pour les Sarajeviens n'est pas suivi d'effet. Comment expliquer que les convois humanitaires doivent reverser la moitié de leurs provisions aux assiégeants serbes ? Pourquoi Boutroz Ghali exclut alors toute intervention armée pour imposer la paix ? Pourquoi les casques bleus,censément neutres, entérinent en fait les conquêtes serbes en Bosnie et brisent dans l'oeuf les contre-attaques bosniaque en utilisant des armes lourdes ? Pourquoi l'Union Européenne persiste dans la voie d'un blocus sur les armes qui pénalise avant tout les bosniaques ?

 

Finalement, c'est deux nouveaux bombardements sur des marchés de Sarajevo qui décidèrent de l'issue de la guerre. Combien de vies gâchées, brisées?Pourquoi pourrait on se demander une dernière fois ? La Bosnie eut elle le tort de ne posséder aucun puits de pétrole ? La question de la non-intervention européenne reste ouverte mais toujours est il que l'Europe économique n'a jamais permis de sauvegarder la paix si ce n'est qu'entre quelques pays nantis qui par leur passé commun et à l'aune des événements en Ex-Yougoslavie devraient acter leur erreur.

 

Romain.

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